Entrevue avec Grégory : Un avant et un après dans le devenir physicien
Par Fiorella Boucher | 20 Août 2020
En lisant les témoignages publiés dans l’Électron Libre, Grégory a trouvé formidable que les différents vécus soient mis de l’avant. Il m’a également confié qu’il trouve vraiment dommage ce que l’on apprend avec le témoignage de Mona et il espère que ça donnera lieu à de futurs changements. Ainsi, je lui ai demandé si l’expérience de Mona a fait écho en lui, mais il ne pense pas avoir vécu des expériences aussi désagréables au sein de notre département. Tout de même, Grégory a décidé de contribuer à cette section afin de témoigner de l’impact qu’a eu la socialisation sur son cheminement. Vous commencez à deviner le choix du titre de cette entrevue !
« Initialement, je ne connaissais personne et je ne participais pas aux activités organisées au sein du département. Je n'avais personne avec qui discuter du contenu des cours, de faits/ événements divers qui seraient intéressants pour un aspirant physicien. Surtout, le département n'était pas un lieu où je m'attendais à passer des moments joyeux, à cause de mon isolement. »
Est-ce que le fait de ne connaître personne t’empêchait de participer aux activités organisées ?
Je ne savais pas que le département avait toutes ces activités. C'est avec mes amis que je les ai réellement découvertes. J'ai eu la chance de me faire approcher par un petit groupe, dans la seconde partie de mon baccalauréat. On est devenu de bons amis, autant sur le campus qu'en dehors.
Est-ce qu’il y a eu des situations où t'as essayé d'aller vers les autres sans qu’il y ait une suite ou une réponse accueillante après ?
Je ne me rappelle pas avoir fait ce mouvement vers les autres. En y repensant, j'aurais certainement rencontré des personnes chaleureuses, si je l'avais fait !
Comment le fait de t’avoir fait un groupe de bons amis a-t-il influencé ton expérience étudiante ?
Grâce à eux, j'ai pu avoir un second avis lorsque ma compréhension des cours était erronée, j'ai pu aussi renforcer mes acquis en les partageant. Ils ont été un système de soutien efficace. En effet, cette façon de fonctionner était très efficace, ça baissait la quantité d'effort que j'avais à fournir précédemment. Aussi, avoir des visages familiers a rendu le département un lieu plus convivial que ce que les murs de Roger-Gaudry peuvent suggérer ! La seconde moitié de mon bac a été marquée par une plus grande assiduité de ma part, un intérêt renouvelé pour les sciences physiques et de meilleurs résultats. Alors, à toute personne qui lit ce témoignage et qui réalise qu'elle est isolée socialement, je lui souhaite de trouver un groupe au sein duquel elle se sentira bien. Certes, il n'y a jamais rien d'idéal, mais je peux bien vous affirmer que mon expérience en a été positivement chamboulée.
As-tu eu des doutes sur ta personne pendant ta période d'isolement qui ont changé une fois que tu t'es fait des amis ?
Sans aucun doute, appartenir à un groupe m'a donné plus confiance. Avant ça, je ne dirais pas que j'avais des doutes, je ne réalisais surtout pas qu'il y avait bien plus de raisons/façons de se motiver que celles dont je disposais. Une fois dans un groupe, j'ai réalisé que mon approche à l'apprentissage a un peu changé. Je n'apprenais plus uniquement pour moi. J'ai pris beaucoup de plaisir à transmettre ce que j'avais compris aux autres, et avoir une opportunité de le faire était motivant. En fin de compte, on utilisait des méthodes interactives qui ne m'étaient pas accessibles précédemment, et ça s'est montré bénéfique !
Est-ce que c’était important pour toi de te faire aborder ? Qu’est-ce que tu crois qui a fait en sorte que tu ne te faisais pas aborder ?
En y repensant, il est clair que je serais resté dans ma situation initiale si je n'avais pas été abordé. Je pense que le non-verbal a beaucoup contribué à mon isolement. Par exemple, j'avais tendance à rester exactement la durée du cours, souvent assis à l'arrière... Des actions qui me rendaient difficilement accessible.
Alors, tu es rendu à environ la moitié de ton bac, tu te fais aborder par quelqu’un et par la suite tu as un groupe d’amis… Qu’est-ce qui est arrivé ce jour-là ?
Je pense que j'ai eu beaucoup de chance. Celui avec qui j'avais cours à ce moment-là était en retard au cours et s'était assis à côté de moi. Il m'a ensuite demandé de lui expliquer ce qu'il avait manqué et la glace était brisée.
Est-ce que tes amis ont aussi passé par l'isolement avant de se mettre en groupe? Sinon, quels sont vos points en commun?
J'étais la seule personne dans le groupe qui n'avait pas fait ses études collégiales au Québec. Certains d’entre nous se connaissaient donc bien avant l'Université de Montréal. Je ne pense donc pas qu'ils soient passés par une période solitaire. Un point commun qui a vraiment créé de bons moments, c'est notre passion partagée pour le baby-foot, même s'ils ont encore beaucoup à apprendre de moi, ahah!
Tu as bel et bien fini ton bac… Qu’est-ce que tu planifies pour la suite ?
À l’automne prochain, j’entame un programme de maîtrise. J’espère y apprendre beaucoup plus sur la physique de la matière condensée, ainsi que sur l’optique.